Aujourd'hui, nous sommes allés assister à une visite de notre quartier, Ravenswood. Notre guide était une mère d'élève qui était guide pour les monuments nationaux en France. le soleil était au rendez-vous. Un bien belle journée de début d'automne.
Nous avons appris beaucoup de choses.
Sur les terres de notre quartier, se trouvait une immense plaine entre la rivière et le lac, plantée d'herbe hautes, peuplée de lapins, de bisons, de ratons laveurs et d'une tribu nommée Neshnabé. Neshnabé est le nom qu'ils se donnaient. Les Anglais les ont nommés les Potawatomi : "ceux qui gardent le feu". Pourquoi ? Parce que. Après tout, on les appelait bien des indiens alors qu'ils n'ont jamais rien eu en commun avec l'Inde qui se trouve seulement de l'autre côté de la Terre, mais bon...
Les Neshnabé ont été "découverts" par les français au XVIIe siècle. A cette époque, les Français venaient chasser pour revendre des fourrures en Europe, qui connaissait un siècle extrêmement froid. Ils ne cultivaient pas la terre et ne s'installaient que provisoirement.
Contrairement aux Anglais et aux Espagnols, les Français n'ont pas cherché à soumettre les Indiens. Au contraire, ils se sont intégré à leur société, ont appris leur langue, leur coutumes, leurs mode de vie, ont écrit des dictionnaires de leur langue et ont vécu avec eux, allant jusqu'à fonder des familles mixtes. Ces hommes s'appelaient "Les coureurs des bois" (pas à cause des familles mixtes...). Aujourd'hui encore, les Native Americans viennent en France consulter les archives nationales pour retrouver leurs anciennes langues.
Quand les Français ont été chassés par les Anglais, les Neshnabé ont été maltraités et quasiment réduits en esclavage. Pour se venger, ils ont massacré un groupe de femmes et enfants qui traversaient la plaine. Les Anglais n'ont évidemment pas laissé ce crime impuni et ont les chassés définitivement.
Il ne reste presque plus rien des Neshnabé de la plaine, sauf leurs anciennes voies. A Chicago toutes les rues vont du nord eu sud ou de l'est à l'ouest, à part deux avenues. Ces avenues sont diagonales et correspondent aux pistes des indiens....
La plaine devenue vide, des Allemands sont venus s'y installer, ont décrété que l’endroit leur appartenait et ont construit un début de ville. Ils apportaient avec eux le secret de la bière, ce qui explique aujourd'hui encore l'amour de Chicago pour ce breuvage, décliné en dizaines de couleurs et de parfums ainsi que les magasins où l'on peut acheter le matériel nécessaire pour en fabriquer soi-même à la maison. On peut même prendre des cours. Le magasin est à côté du lycée, juste en face du marchand de bonbons, pour ceux que ça intéresse...
Les nouveaux arrivants ont nommé l'endroit Ravenswood bien qu'il n'y ait aucune forêt... Peut-être voulaient-ils se remémorer la forêt noire.
En 1888, un habitant du quartier, Wallace Abbott, a inventé les premières pilules de médicaments, car les patients se plaignaient du mauvais goût des traitements et ne les prenaient pas jusqu'au bout. Il a donc mélangé les actifs avec du sucre et les a solidifiés... Nous connaissons tous le succès de son invention ! Bon. En fait, il a "un peu" volé l'idée d'un belge, mais il a été plus rapide.
L'usine Abbot a prospéré dans le quartier jusqu'à ce que ses habitants fassent pression pour qu'elle déménage au nord de la ville. En effet, les fumées étaient pestilentielles et les gens tombaient malades... On n'a jamais bien su ce qu'Abbott utilisait dans ses laboratoires... Le fait est que depuis son départ tout est redevenu normal...
Aujourd’hui encore, les laboratoires Abbott sont un gros employeur de la ville.
A la même époque, dans le quartier, habitait également Adolph Luitgert, le roi de la saucisse. Les gens adoraient ses produits. Il était riche, marié à une très belle femme. Malheureusement, il contracta des dettes trop importantes pour lui.
La solution (toute simple) aurait été d'épouser sa riche maitresse...
...solution qui sauva son entreprise après la disparition opportune de sa femme.
Les recherches durèrent plusieurs mois. On pensa qu'elle avait fuit avec un amant.
La police pouvant être tenace, les inspecteurs allèrent à l'usine de saucisse et menèrent des investigations qui menèrent à la découverte d'ossements, qui prouvèrent que feu madame Luitgert avait fini en chair à saucisse.
Littéralement.
Inutile de vous dire que l'entreprise a immédiatement fait faillite, que tout le monde consulta ses reçus pour savoir à quelle date ils avaient acheté des saucisses et que le monsieur a fini sa vie en prison.
Le prénom Adolph a décidément quelques casseroles... (que serait un de mes articles sans sa petite blaguounette facile ?...)
La maison du poète Carl Sandburg (1878/1967) se trouve à cinq minutes du lycée.
Carl Sandburg était un autodidacte, journaliste qui a gagné deux fois le prix Pullizer, écrivain connu pour sa biographie de Lincoln, et poète ayant eu pour thème principal la ville de Chicago. Il a également écrit des contes pour les enfants américains, car il trouvait que les contes européens ne correspondaient pas du tout à la vie des enfants du nouveau continent qui n'avaient ni roi, ni princesse, ni château forts...
Il a eu ce mot que j'aime beaucoup : "Méfiez vous des conseils... même de celui-ci."
Croirez-vous qu'il y a dans notre quartier une reproduction de la grotte de Lourde ? si, si !
Elle se trouve dans une grande église. En 1928, cette église se trouvait sur une avenue que la mairie voulait agrandir. L'église gênait. On aurait pu la contourner, mais alors l'avenue n'aurait plus été parfaitement droite. On l'a donc tout naturellement déplacée de l'autre côté de la rue en creusant en dessous et en la faisant glisser pied par pied. Voilà. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué.
Ceci conclut l'histoire de notre quartier pour le XXe siècle.
En ce début de XXIe siècle, les français reviennent, deux cent cinquante ans après leur départ, et ouvrent un nouveau chapitre dans un grand bâtiment tout neuf.
Le lycée s'installe et le prix de l'immobilier grimpe de 15% en un an... of course !
Et vous ? Quelle est l'histoire de votre quartier ?
Nous avons appris beaucoup de choses.
Sur les terres de notre quartier, se trouvait une immense plaine entre la rivière et le lac, plantée d'herbe hautes, peuplée de lapins, de bisons, de ratons laveurs et d'une tribu nommée Neshnabé. Neshnabé est le nom qu'ils se donnaient. Les Anglais les ont nommés les Potawatomi : "ceux qui gardent le feu". Pourquoi ? Parce que. Après tout, on les appelait bien des indiens alors qu'ils n'ont jamais rien eu en commun avec l'Inde qui se trouve seulement de l'autre côté de la Terre, mais bon...
Les Neshnabé ont été "découverts" par les français au XVIIe siècle. A cette époque, les Français venaient chasser pour revendre des fourrures en Europe, qui connaissait un siècle extrêmement froid. Ils ne cultivaient pas la terre et ne s'installaient que provisoirement.
Contrairement aux Anglais et aux Espagnols, les Français n'ont pas cherché à soumettre les Indiens. Au contraire, ils se sont intégré à leur société, ont appris leur langue, leur coutumes, leurs mode de vie, ont écrit des dictionnaires de leur langue et ont vécu avec eux, allant jusqu'à fonder des familles mixtes. Ces hommes s'appelaient "Les coureurs des bois" (pas à cause des familles mixtes...). Aujourd'hui encore, les Native Americans viennent en France consulter les archives nationales pour retrouver leurs anciennes langues.
Quand les Français ont été chassés par les Anglais, les Neshnabé ont été maltraités et quasiment réduits en esclavage. Pour se venger, ils ont massacré un groupe de femmes et enfants qui traversaient la plaine. Les Anglais n'ont évidemment pas laissé ce crime impuni et ont les chassés définitivement.
Il ne reste presque plus rien des Neshnabé de la plaine, sauf leurs anciennes voies. A Chicago toutes les rues vont du nord eu sud ou de l'est à l'ouest, à part deux avenues. Ces avenues sont diagonales et correspondent aux pistes des indiens....
La plaine devenue vide, des Allemands sont venus s'y installer, ont décrété que l’endroit leur appartenait et ont construit un début de ville. Ils apportaient avec eux le secret de la bière, ce qui explique aujourd'hui encore l'amour de Chicago pour ce breuvage, décliné en dizaines de couleurs et de parfums ainsi que les magasins où l'on peut acheter le matériel nécessaire pour en fabriquer soi-même à la maison. On peut même prendre des cours. Le magasin est à côté du lycée, juste en face du marchand de bonbons, pour ceux que ça intéresse...
Les nouveaux arrivants ont nommé l'endroit Ravenswood bien qu'il n'y ait aucune forêt... Peut-être voulaient-ils se remémorer la forêt noire.
En 1888, un habitant du quartier, Wallace Abbott, a inventé les premières pilules de médicaments, car les patients se plaignaient du mauvais goût des traitements et ne les prenaient pas jusqu'au bout. Il a donc mélangé les actifs avec du sucre et les a solidifiés... Nous connaissons tous le succès de son invention ! Bon. En fait, il a "un peu" volé l'idée d'un belge, mais il a été plus rapide.
L'usine Abbot a prospéré dans le quartier jusqu'à ce que ses habitants fassent pression pour qu'elle déménage au nord de la ville. En effet, les fumées étaient pestilentielles et les gens tombaient malades... On n'a jamais bien su ce qu'Abbott utilisait dans ses laboratoires... Le fait est que depuis son départ tout est redevenu normal...
Aujourd’hui encore, les laboratoires Abbott sont un gros employeur de la ville.
A la même époque, dans le quartier, habitait également Adolph Luitgert, le roi de la saucisse. Les gens adoraient ses produits. Il était riche, marié à une très belle femme. Malheureusement, il contracta des dettes trop importantes pour lui.
La solution (toute simple) aurait été d'épouser sa riche maitresse...
...solution qui sauva son entreprise après la disparition opportune de sa femme.
Les recherches durèrent plusieurs mois. On pensa qu'elle avait fuit avec un amant.
La police pouvant être tenace, les inspecteurs allèrent à l'usine de saucisse et menèrent des investigations qui menèrent à la découverte d'ossements, qui prouvèrent que feu madame Luitgert avait fini en chair à saucisse.
Littéralement.
Inutile de vous dire que l'entreprise a immédiatement fait faillite, que tout le monde consulta ses reçus pour savoir à quelle date ils avaient acheté des saucisses et que le monsieur a fini sa vie en prison.
Le prénom Adolph a décidément quelques casseroles... (que serait un de mes articles sans sa petite blaguounette facile ?...)
La maison du poète Carl Sandburg (1878/1967) se trouve à cinq minutes du lycée.
Carl Sandburg était un autodidacte, journaliste qui a gagné deux fois le prix Pullizer, écrivain connu pour sa biographie de Lincoln, et poète ayant eu pour thème principal la ville de Chicago. Il a également écrit des contes pour les enfants américains, car il trouvait que les contes européens ne correspondaient pas du tout à la vie des enfants du nouveau continent qui n'avaient ni roi, ni princesse, ni château forts...
Il a eu ce mot que j'aime beaucoup : "Méfiez vous des conseils... même de celui-ci."
Croirez-vous qu'il y a dans notre quartier une reproduction de la grotte de Lourde ? si, si !
Elle se trouve dans une grande église. En 1928, cette église se trouvait sur une avenue que la mairie voulait agrandir. L'église gênait. On aurait pu la contourner, mais alors l'avenue n'aurait plus été parfaitement droite. On l'a donc tout naturellement déplacée de l'autre côté de la rue en creusant en dessous et en la faisant glisser pied par pied. Voilà. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué.
Ceci conclut l'histoire de notre quartier pour le XXe siècle.
En ce début de XXIe siècle, les français reviennent, deux cent cinquante ans après leur départ, et ouvrent un nouveau chapitre dans un grand bâtiment tout neuf.
Le lycée s'installe et le prix de l'immobilier grimpe de 15% en un an... of course !
Et vous ? Quelle est l'histoire de votre quartier ?
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